La crypte de Saint-Girons à Hagetmau est le dernier vestige de l’ancienne église abbatiale Saint-Girons, aujourd’hui disparue. Elle date du début du XIIe siècle. Joyau de l’art roman, elle est classée par les Monuments historiques en 1862.
L’abbaye est édifiée à l’origine au bord du Louts, sur le lieu du martyre de saint Girons, évangélisateur de cette partie de la Novempopulanie, au Ve siècle. Sa création remonterait à Charlemagne, mais on ne trouve trace d’une communauté religieuse qu’à partir du XIIe siècle, dans les donations faites au chapitre de Lescar.
L’église abbatiale, endommagée durant la guerre de Cent Ans puis pendant les guerres de Religion, est totalement détruite en 1904. Seule la crypte de 12 mètres sur 7,6 mètres a été préservée.
On y accède par deux escaliers latéraux de quinze marches, bâtis dans l’épaisseur des murs. Le centre en dalles de pierre, de 4.2 mètres sur 3.8 mètres, est légèrement surélevé par rapport au reste du sol, lui-même en pierre. Il est cerné aux angles de quatre colonnes de marbre formant dais. C’est là que se trouvait le tombeau de Saint-Girons, objet de culte et de vénération de nombreux pèlerins.
Des éléments de pierre viennent compléter ces fûts de marbre pour soutenir des chapiteaux richement sculptés, eux-mêmes portant une voûte à croisée d’ogives. La base des colonnes porte divers éléments décoratifs, boules, etc.
Tout autour de la crypte court un banc de pierre d’environ 50 cm de haut, servant de lieu de méditation, de prière ou de repos aux pèlerins. Le banc sert également de base à dix colonnes de pierres engagées dans le mur de l’édifice et surmontées de chapiteaux.
On notera dans le pan central du chevet l’existence d’un enfeu (tombe encastrée dans l’épaisseur du mur) L’ensemble est éclairé par quatre ouvertures étroites, trois en plein cintre à faible ébrasement intérieur (une au chevet, deux sur le mur de droite) alors que celle du mur de gauche, étroite et haute s’apparente à une meurtrière.
C’est le décor sculpté des chapiteaux (classés aux monuments historiques) qui retient surtout l’attention dans la crypte. D’après l’iconographie des corbeilles, ils peuvent être classés en trois groupes : un premier groupe de chapiteaux à feuillages (de type corinthien) , un deuxième groupe d’interprétations bestiaires (courant dans l’art roman) , un troisième groupe de chapiteaux historiés à personnages. Ces scènes religieuses sont destinées à l’origine aux fidèles et pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle, rappelant le rôle d’étape que joue la paroisse dès le Moyen Âge sur la voie Limousine.